« Abolition sui generis de la peine de mort »

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Un jour, j’ai vu, dans un rêve, des gens en train de réfléchir sur la peine de mort, lors d’un colloque. Cette réflexion se faisait par discipline. La démarche entreprise par les penseurs a consisté à ce que chaque groupe, représenté par une personne, s’évertue à trouver des arguments pour ou contre la peine de mort, en rapport avec sa profession ou sa formation scolaire, voire académique.

C’est la raison pour laquelle, chaque intervenant parlait au nom de sa discipline pendant 5 minutes. Je me rappelle vaguement de quelques interventions, à savoir :

1). L’agronome est indigné lorsqu’il assiste à la destruction inutile des plantes. Il ne pourrait comprendre qu’on arrive à tuer un être humain, en âme et conscience. Cette pratique ressemble plus à la jungle, avait-il dit.

2. L’architecte, quant à lui, se soulève contre ce qu’il qualifie de contradiction grave. D’un côté, dit-il, le tribunal ordonne la destruction d’un immeuble en cas de malformation et ce, en vue d’éviter son effondrement brusque qui pourrait provoquer mort d’homme, car la valeur matérielle et financière d’un immeuble ne représente rien face à la vie humaine.

3. L’artisan de la paix a été concis dans ses propos. Il répugne tout ce qui frise la violence, à savoir, la guerre, les services corporels, le viol, la peine de mort, etc.

4. L’artiste est un créateur des œuvres. Il souhaite de tous ses vœux voir ses œuvres durer le plus longtemps possible, voire survivre à sa mort. Il reprouve, par analogie, la destruction de la vie humaine. « Lorsqu’un enfant brûle la case, on ne le jette pas au feu afin qu’il périsse avec la case, » avait-il conclu.

5. Le professeur d’éducation physique et sportive nous a rappelé que sa discipline forme l’esprit et le corps. Il souhaite pousser tout le monde vers le troisième âge par la pratique régulière et rationnelle du sport.

6. Le journaliste a affirmé qu’il est allergique aux poursuites judiciaires, d’une façon générale. C’est ainsi qu’il est inconcevable de parler de la peine de mort à quelqu’un qui se bat becs et ongles pour obtenir la dépénalisation des délits liés à sa profession. Une erreur judiciaire, aux dépens d’un condamné à mort, est vitalement parlant irréparable. Ne dit-on pas que mieux vaut acquitter un délinquant que de condamner un innocent ? avait conclu le représentant des journalistes et communicateurs.

7. Le médecin-vétérinaire a allégué que l’abattage des animaux pour une raison sanitaire amène le médecin-vétérinaire à aborder les problèmes de la peine de mort. Les médecins-vétérinaires sont unanimes à ce sujet. Ils disent non à la peine de mort, sinon à quoi bon continuer à décimer des milliers de têtes de bétails et de volailles en cas de zoonose. C’est un non-sens. Doit-on s’évertuer à protéger et à supprimer concomitamment la vie humaine ? Il dit non à la peine de mort ; non à la « Férocité humaine ».

8. Le pédiatre se bat tous les jours pour maintenir les enfants en bonne santé afin qu’ils grandissent et deviennent aussi des adultes ! Le pédiatre lutte pour maintenir la vie humaine. C’est avec consternation que le pédiatre constate qu’un homme peut mourir non pas seulement par une maladie ou par un accident, mais qu’il peut être exécuté sur une décision de justice.

9.Le philosophe n’a pas tranché de façon nette. Il dit que la vie humaine est sacrée. Elle ne peut être ôtée à quelqu’un par un homme qui qu’il soit, sinon on violerait la loi divine. Cela est le point de vue d’un homme qui vit en esprit. Le matérialiste, quant à lui, a une vue contraire. Parler de la mort d’un corps solide, la réaction dépendra de la formation reçue à l’école. L’agronome verrait avant tout du fumier. Le géologue penserait à la formation, après transmutation, des minéraux et des hydrocarbures, a dit le philosophe. C’est cela le monde. Les intérêts divergents. L’homme de Dieu s’évertue à prier tous les jours en vue d’obtenir la guérison des malades. Cependant, le médecin et le pharmacien prieraient, de leur côté, pour qu’ils aient beaucoup de malades, a fait savoir le philosophe.

10. De prime à bord, le sociologue a dit qu’il avait une fois observé la réprobation mondiale au sujet de l’application de la peine de mort. Durant le premier semestre de l’an 2007, on avait mis sur internet des images relatives à la pendaison de Saddam Hussein, ancien Chef de l’Etat de l’Irak. La réaction, qui avait fusé du « Village planétaire », avait révélé un dégoût qui était doublé, selon le cas, de colère, de furie, d’irritation et de protestation.

11. Enfin, le théologien a clôturé la liste des intervenants. Son adresse se résume en ces quelques lignes, notamment sa mission est d’aider à sauver les âmes humaines. C’est la raison pour laquelle le théologien est contre la privation de la vie des prisonniers. Mais il peut à la rigueur, tolérer la privation de la liberté en vue d’obtenir l’amendement. Le théologien a posé la question suivante : « Le législateur ne dit-il pas que la vie humaine est sacrée ? » Il a poursuivi en formulant et rappelant ce qui suit : « A chacun de jouer son rôle. A l’homme d’aider à sauver les âmes. A Dieu la vengeance et la rétribution. C’est bien Dieu qui sait sanctionner à juste titre ». Le théologien a aussi dit que l’Eternel Créateur de ce monde, recommande la miséricorde, mais certaines personnes se rebellent en tuant leurs semblables, au nom de la loi.

En guise de conclusion, le modérateur a relevé qu’il n’y a eu aucun argument pour le maintien de la peine de mort. C’est ce qui a fait dire au modérateur que cette situation est inconcevable.Il a poursuivi en prévenant qu’en sa qualité de modérateur, son point de vue ne compte pas. «  Faites comme si vous n’aviez rien entendu, » avait-il demandé. Il était au milieu entre les abolitionnistes et les rétentionnistes de la peine de mort. Pour lui, il faut abolir la peine de mort pour tout le monde, excepté une catégorie de personnes qui ne veuillent pas s’assumer. Savez-vous de qui il s’agit ? Questionna-t-il ?Non ! Avait-on crié dans la salle.Qui connait ?Quelqu’un a dit : « Les politiciens ! »Non ! C’est le moindre mal, renchérit le modérateur. Les policiers ! Moindre mal. Les militaires ! Moindre mal. Les Députés et Sénateurs ! Moindre mal. Les Médecins ! Moindre mal. Les commerçants ! Moindre mal. Les Enseignants ! Moindre mal. Les Pasteurs ! Moindre mal. Les Terroristes ! Moindre mal. Les Kuluna ! Moindre mal. Les MOBONDO ! Moindre mal. Les Binationaux ! Moindre mal. Les Receveurs de taxi-bus ! Moindre mal. Les Agents de la SNEL ! Moindre mal. Les Wewa ! Moindre mal. Forces du Progrès ! Moindre mal. Les Journalistes ! Moindre mal. Les Avocats ! Moindre mal.

Vous ne trouverez jamais la réponse, avait fait remarquer le Modérateur. Eh bien ! Il s’agit des Magistrats.

Rire et applaudissements dans la salle.

Ne soyez pas surpris ! Ne dit-on pas que la justice élève la Nation ? Si Joseph de l’Epoque Contemporaine pouvait interpréter ce rêve, le monde serait édifié. Que les abolitionnistes de la peine de mort soient apaisés, cette dernière ne sera abolie qu’à 99,9%. Ainsi, ne pourrait-on pas, dans ce cas d’espèce, parler de l’abolition « Sui generis ?»

MABAYA DIAMBOMBA MEDARD

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