Le vendredi 8 avril 2022, j’ai vu, dans la Commune de N’djili, au Quartier 1, devant l’Unité de la Police Nationale Congolaise (PNC), particulièrement l’Escadron Mobile d’Intervention (EMI), dénommé Mbata, deux Kuluna (Phénomène Kuluna signifie délinquance avec violence) exposés au grand public, pour des raisons pédagogiques, ai-je cru comprendre.
Ces délinquants étaient perchés sur un Kimalu-Malu de la PNC, bras liés par derrière le dos et une machette suspendu au cou.
Une grande foule assistait à cette exposition humaine, accentuant, de ce fait, l’embouteillage sur la route Cecomaf. J’ai vécu ce spectacle qui viole les droits humains pendant que je passai à bord d’un taxi-bus. Curieusement, ce spectacle n’avait ému personne, bien au contraire, les autres passagers qui étaient avec moi dans ce véhicule disaient que nous rencontrerons, dans quelques jours, ces mêmes Kuluna dans la rue, entrain de narguer la population.
Ils sont libérés moyennant une somme d’argent de l’ordre de 500.000 francs congolais soit 250 dollars américains. Je suis intervenu en disant que ces allégations étaient fausses. Comme réaction, la quasi-totalité des passagers ont crié sur moi.
Oui ! C’est vrai. Ce taux est connu de tout le monde. Les bandits de grand chemin racontent à qui veut les entendre dans quelles conditions ils sont libérés, une fois arrêtés. Devant l’argent, les Congolais sacrifient l’intérêt général et cela, à tous les niveaux, me disaient-on.
Je suis encore intervenu en disant qu’il n’était pas correct de généraliser la situation ; tout le monde ne sacrifie pas l’intérêt général!
Quelqu’un a rétorqué que ce qui se racontait-là était vrai. Nous vivons les antivaleurs, depuis plusieurs décennies, bientôt un siècle.
Les antivaleurs font donc partie de notre culture ? Avais-je demandé.
Appelez cela comme vous voulez. Ce qui est vrai, en RDC, personne n’a peur de commettre une énormité. Il est des enfants qui sont nés, qui vivent et mourront dans les antivaleurs. Quelle est leur culture, tout en sachant que la culture, c’est l’épopée ? C’est la vie de tous les jours. Un prêtre n’a-t-il pas dit dans son homélie, le dimanche 10 avril 2022, qu’un jour, il a vu une fille pleurer et il s’est approché d’elle et lui a demandé ce qui n’allait pas ? L’une de filles qui était à côté est intervenue en ces termes : « Est-il normal qu’elle demeure vierge à 22 ans ? »
Revenons à Kimalu-malu ! Je crois que c’est pour ce genre de véhicules que notre contingent en mission de police pour le compte de l’ONU avait été chassé de la République Centrafricaine, car non-opérationnel, c’est-à-dire non-militaire, en dépit de leur couleur. Nos policiers y avaient été éconduits diplomatiquement parlant et il ne serait pas étonnant d’apprendre, un jour qu’un Kuluna à col blanc à envoyer dans une zone opérationnelle des fusils de chasse. Et il restera impuni, comme toujours et même s’il est arrêté, trois à quatre mois plus tard, vous le trouverez libre, la libération conditionnelle, la grâce présidentielle et autres subterfuges, aidant. Je n’exagère rien dans mes propos. Des cas similaires sont légions. J’en épinglerai un dans ce cas précis. N’est-ce pas que nous avions vu courir, un jour, lors des jeux olympiques, une de nos athlètes, avec une paire des chaussures de pauvres, c’est-à-dire non adaptées à la compétition, avait dit RFI, dans son reportage. Je me demande ce qui s’était passé réellement, car d’expérience je sais qu’avant toute compétition de cette envergure une équipe technique vérifie la conformité et la singularité de l’équipement de tout pays compétiteur. Cependant, nos dirigeants sportifs avaient gardés silence, à ce sujet. La vaillante athlète s’appelait Kungu. le phénomène Kuluna sème la désolation pour les uns et la délectation pour les autres, des canailles.
MABAYA DIAMBOMBA Médard