La Commission Diocésaine justice et Paix de l’Archidiocèse de Kinshasa (CDJP/KIN) a organisé, sous les auspices de la CEJP/CENCO, le mardi 10 juillet 2024, au Centre Diocésain de Pastorale Lindonge, un forum de sensibilisation et d’informations sur la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques locales, singulièrement dans les communes.
Cette activité s’inscrit dans le cadre du Projet ACTE 2023 (Action des Citoyens pour la Transparence des Elections en 2023). Il va durer 3 ans. Le but à atteindre est l’accompagnement des élus locaux, d’une part, et impliquer les citoyens à la gestion de la chose publique, à la base, d’autre part.
L’objectif poursuivi est d’informer les participants sur le fonctionnement des organes politiques au niveau de la base et le rôle de leurs animateurs, d’un côté, et d’informer les participants sur leur rôle comme partie prenante à la décentralisation en vue de contribuer au développement de leurs entités respectives, de l’autre côté.
Au total, il y a eu plus de soixante-dix participants dont des élus locaux et trois intervenants qui se sont succédés après le mot d’ouverture prononcé par la Directrice de la CDJP/KIN, la Révérende Sœur Perpétue MAKIESE MALEKA. Le premier, à prendre la parole, c’est Maître Fidèle MENGA, de la CEJP/CENCO. Il a planché sur : « Décentralisation conformément à la Constitution du 18 février 2006 : Notions et paliers, cadre juridique et éléments constitutifs. »
D’entrée de jeu, Maître Fidèle a dit que la décentralisation permet la participation des citoyens à la gestion de la cité. Elle est la clé du développement. Il faut exercer la démocratie pour obtenir la décentralisation, en tournant le regard vers les citoyens. Elle requiert le transfert des compétences, attributions, responsabilité et ressources. Elle rapproche les gouvernés des gouvernants. Jadis, le Gouvernement de Kinshasa concentrait tous ces indicateurs entre ses mains, pourtant la RDC est vaste pour la centralisation.
Les entités décentralisées (ETD) doivent avoir des organes locaux, c’est-à-dire le Gouvernement Central ne pourra plus nommer des gens à la base. Comme devoir à donner aux citoyens, c’est faire des plaidoyers, demander aux élus locaux de tenir compte de leurs desideratas lors de l’élaboration, par exemple, du budget de leur entité respective.
Concernant les recettes, le Gouvernement Central prend 60 % et les ETD prennent 40 %. Jadis, le Gouvernement de Kinshasa prenait les 100 % des recettes. La décentralisation veut que les organes soient une émanation du souverain primaire. Nous assistons aujourd’hui à un système hybride ; les bourgmestres nommés par le Gouvernement central sont encore en place. La CENI n’a pas d’argent pour organiser des élections des Bourgmestres, Bourgmestre Adjoint et Echevins.
Le deuxième intervenant est Maître Barthélemie qui a fait son exposé autour du thème ci-après : « Mode de désignation et rôle des élus locaux (Système électoral, contrôle et collège électoral). L’orateur a commencé son exposé par une question. Avez-vous été élus par le législateur ou par les électeurs ? Il a, par la suite, dit que les élus vont travailler en fonction de la loi. En outre, ils doivent savoir quelle décision prendre ? L’élection de 2023 a donné naissance aux élus communaux.
Le mode de scrutin « Suffrage universel, application du plus fort reste, » est indigeste pour le commun des mortels. Rares sont des candidats à l’élection du 20 décembre 2023 qui l’avaient maîtrisé. Cela s’est remarqué lors de l’examen des recours des contentieux électoraux.
Il faut faire en sorte que la population veille sur la gestion de Res Republica. La redevabilité veut qu’il y ait collaboration entre les élus locaux et les citoyens. Cependant, il est malaisé de constaté que, 7 mois après élection, les élus communaux ne soient pas encore payés.
Lors de la constitution des dossiers de candidature, un élément avait fait débat, à savoir : Présenter un diplôme d’études universitaires ou supérieures, à défaut prouver une expérience professionnelle de 10 ans, au point de se demander si un jeune homme de 18 ans peut produire un tel diplôme ou avoir une expérience de 10 ans. La Loi électorale requiert un amendement.
L’article 50 de la Constitution énumère les matières dévolues aux élus communaux. Ces derniers doivent légiférer sur des problèmes d’intérêt commun, en l’occurrence, éclairage public, marchés publics, insalubrité, banditisme, tapages, etc. Dans la recherche des solutions, le principe ci-après doit éveiller la conscience collective : « Pollueur, payeur ! » Les élus communaux ont la lourde responsabilité. Ils doivent en prendre conscience pour changer la situation tous azimuts, en RDC.
Le Bourgmestre décide par voie d’arrêté communal. Il faut éviter qu’un arrêté communal soit contesté aussitôt publié. Ainsi est-il conseillé d’être constamment à l’écoute de la population. Comment travailler efficacement ? Eh bien, il est conseillé aux Conseillers municipaux d’être posés, et d’avoir un cadre de travail adéquat. Avoir sept mois d’arriérées de salaires est absurde. Pour développer sa communauté, tout le monde doit s’impliquer, élus communaux et la population locale.
Le troisième intervenant est Monsieur Bertin KANYINDA, de CLGP (Comité Local pour la Gouvernance Participative). Pour lui, la population ne doit plus être spectateur, mais elle doit être une actrice. La participation à la gestion de la chose publique est capitale. Tout le monde doit y jouer un rôle. La Société Civile anime la vie sociale, en formant et informant la population. Tout citoyen a le devoir de s’intéresser à la vie publique de son pays.
Comme mécanismes utilisés, Bertin préconise le cadre de concertation qui permet à la population d’échanger des vues avec des autorités locales ; élaborer un cahier des charges et faire des plaidoyers. C’est dans ce contexte que l’intervenant a parlé du budget participatif qui est élaboré par l’ensemble de la population et les services étatiques. Il s’applique dans les ETD. La Loi des Finances demande que tout le monde soit consulté avant l’élaboration du budget. A ce propos, le Ministère des Finances a mis sur pied une structure dénommée : « COREP. » C’est ainsi que le budget participatif a été implémenté dans la Ville de Kinshasa.
A côté de cela, il y a le contrôle citoyen. Il a pour rôle : Alerter, éveiller la conscience et Dénoncer. Pour terminer, Bertin a formulé quelques recommandations à l’endroit des élus communaux, à savoir : Recouvrer les droits de percevoir les taxes dues aux Communes dont l’Hôtel de Ville s’est emparé ; obtenir la rétrocession de l’Hôtel de Ville ; veiller à la construction des passerelles entre différents Quartiers ou Communes ; suivre de près le contrôle citoyen qui est effectué par des agents véreux, pour la plupart d’entr’eux et enfin, le Comité Local de Gouvernance Participative (CLGP) souhaite le départ des Bourgmestres nommés pour être remplacés par ceux qui seront élus.
La partie interactive a permis de découvrir que la gestion du budget est opaque. La décentralisation est un processus dont la réussite dépend plus de la qualité de ses animateurs. Le Ministère ayant trait à la décentralisation venait d’être supprimé au moment où la RDC venait d’organiser des élections locales. Ce qui est absurde !
Dans le cadre des informations, il était dit que des élus communaux venant de toutes les communes de la RDC devraient avoir une réunion, le 11 juillet 2024, avec les dirigeants de la CENI pour deux problèmes majeurs, en l’occurrence, le non-paiement de salaire et l’élection des membres du Conseil Communal.
Medianoche.com est d’accord ! La réussite de la décentralisation dépend plus de la volonté politique. Toutefois, il faut éviter le copier/coller. Il faut tenir compte de son environnement et de sa culture. A titre d’exemple, le mode d’élection dit démocratique conduit, à chaque occasion, la RDC au chaos électoral, par le fait de l’homme, pourtant la solution est à portée de la main. Le monde sportif l’a si bien compris. Il utilise humblement, facilement et judicieusement le tirage au sort, ce, à la satisfaction de tous, débusquant ainsi toutes les personnes de mauvaises volonté, des fraudeurs patentés. Le Congolais ne comprend pas l’importance d’une élection. Il brade sa voix pour une bouteille de bière. A quoi bon continuer à organiser des élections dites démocratiques, en RDC. Quelqu’un n’a-t-il pas dit que : « La démocratie ne convient pas aux sociétés ignorantes, car c’est la majorité ignorante qui décidera de votre destin ! »
MABAYA DIAMBOMBA Médard